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Roses noires
Mes chers amis, quand je mourrai
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré ;
La pâleur m'en est douce et chère
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai.
Alfred de MUSSET
Cimetière du Père Lachaise - Paris
ÉpitapheVoilà l'oeuvre qu'il nous laisse,
oeuvre haute et solide,
robuste entassement d'assises de granit,
monument !
Oeuvre du haut de laquelle resplendira désormais sa renommée.
Les grands hommes font leur propre piédestal ;
l'avenir se charge de la statue.
Victor HUGO
(Oraison funèbre d'Honoré de Balzac)Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre
Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet ;
Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant : " Pourquoi suis-je venu ? "Gérard de NERVAL (1808-1855)
(Recueil : Poésies diverses)
EpitapheUne chute, longue, libre.
Seule dans l'espace infini,
Je n'ai plus la force de suvivre,
Plus la force de rester en vie.
Regarder le temps qui passe,
Alors que le corps doucement se lasse
Lutter contre des démons invisibles,
Dans un dernier sursaut risible
La Fatalité fait bien les choses
Elle fâne les plus belles roses
Et ternit les âmes de ceux
Qui n'ont plus aucun dieu.
Un sourire qui s'épanouit,
Tel une rose, bientôt fânée,
Et, seule dans ma dernière nuit
Je pleure mes dernières pensées(Baudelaire )
Demain dès l'aubeDemain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne,
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtempsJe marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit
Seul, inconnu, les mains croisées, le dos courbé,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe,
Un bouquet de houx verts et de bruyère en fleur.Victor Hugo, 3 septembre 1847
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